Le Rallye des Gazelles au Maroc, le défi féminin ultime dans le Sahara
Une course de 2000 kilomètres de désert dans le Sahara au Maroc en neuf jours à l’aide de son 4×4, d’une boussole et d’une carte datant de 1960, c’est ce que Stéphanie a réalisé avec sa coéquipière lors du rallye des gazelles en 2015. Nous lui avons posé quelques questions afin d’en apprendre plus sur cette expédition rempli d’adrénaline et d’imprévus!
Raconte-nous ton aventure au Rallye des Gazelles.
Quand je suis allée au Maroc en 2005, j’avais vu la finale du rallye des gazelles. C’était la première fois que j’entendais parler de cette course-là et depuis ce temps, je rêvais de la faire. C’est en 2012 que j’ai commencé les démarches avec ma partenaire Pascale et l’on s’est vite rendu compte qu’il y avait énormément de préparation et d’argent à ramasser. Pour vous donner une idée, on avait près de 40 000$ à financer en s’aidant de levée de fond et de commanditaires.
Ce qui m’attirait beaucoup du rallye, c’était l’idée de sortir énormément de ma zone de confort. J’ai dû apprendre à faire de la mécanique automobile ainsi qu’à naviguer par triangulation avec une boussole et des cartes vieilles de près de 60 ans.
Quel est l’objectif du Rallye des Gazelles et comment se déroule la course?
L’objectif principal du rallye est de faire le moins de kilomètres possible pour atteindre chacune des 78 balises en se repérant uniquement à l’aide d’une carte et d’une boussole. Les balises sont disposées un peu partout dans le désert du Sahara et l’utilisation de GPS est interdite. Il faut savoir analyser la carte de manière stratégique pour appréhender les difficultés du terrain et ainsi choisir le parcours le plus court possible.
De notre côté, notre but premier était le dépassement de soi! Pascale et moi, on n’y allait pas nécessairement avec l’objectif de gagner, mais plutôt pour réussir quelque chose qu’on n’avait jamais accompli auparavant. C’est certain qu’il y a toujours un petit esprit de compétition à travers la course. On ne voulait pas avoir à abandonner et l’on voulait tout de même bien se classer, sans nécessairement finir première. Au final, on a terminé 50e sur 128 équipes et ce, malgré un gros bris mécanique que nous avons eu l’avant-dernière journée. On était bien contente de notre classement!
À quoi ressemble le trajet?
L’itinéraire, c’est plus ou moins 2 000 km réalisés en 9 jours en passant aux travers différents paysages. Parfois ce sont de gigantesques dunes, d’autres fois ce sont des déserts de petites roches. À tout moment, tu dois faire attention pour ne pas t’enliser dans le sol, ce qui nous est arrivé au moins dix fois sans compter les problèmes mécaniques!
Quel a été ton moment le plus intense lors du rallye?
L’ensemble du rallye est vraiment une expérience hors du commun et incroyable! Ce que j’ai préféré, c’est les grosses dunes! C’était tellement beau comme paysage, on se promenait avec le camion comme dans un immense carré de sable! On devait monter les immenses dunes avec le 4×4 à pleine puissance pour ensuite les traverser, c’était vraiment de l’adrénaline!
Puis, à l’inverse, quel a été le moment le plus difficile?
L’avant-dernière journée, on était vraiment sur une bonne lancée. On avait déjà passé toutes les balises à atteindre dans la journée et tout allait bien… jusqu’à tant que notre camion brise. Au début, on pensait que c’était une crevaison, mais on s’est vite rendu compte que c’était la direction avant à droite qui avait brisée. À ce moment-là, ça aurait pu être la fin de la course pour nous. On a dû appeler l’aide mécanique (ce qui nous a fait perdre des points) et ils nous ont rafistolé le camion à l’africaine afin de pouvoir se rendre au prochain bivouac à 30 km de notre emplacement. On a fini par y arriver après trois heures et demie de route et de là, on a été capable de faire les réparations nécessaires sur le 4×4 pour pouvoir continuer la course.
Comment était le contact avec les autres participantes?
Il y avait à peu près 300 participantes d’une quinzaine de pays différents au Rallye des Gazelles. On y voyait beaucoup d’entraide. Si tu étais mal prise, une autre équipe venait généralement t’aider. Comme il n’y a pas beaucoup d’équipes de Québécoises, les Françaises étaient toujours bien contentes de nous croiser!
Qu’est-ce que cette aventure t’a apporté?
Le Rallye des Gazelles m’a aidé à avoir plus confiance en moi. Ça m’a prouvé que si j’ai été capable de le compléter, je suis capable de faire face à pratiquement n’importe quelle situation. C’est agréable de voir qu’en tant que femmes, on a été capables de réussir quelque chose qui est normalement plus réservé aux hommes; se perdre dans le désert, réparer des camions et conduire à l’aide de cartes!
Le rallye m’a aussi fait grandir personnellement, car j’étais vraiment déconnectée de tout et concentrée uniquement sur le moment présent. C’est un retour à l’essentiel de ne penser à rien d’autre que d’avancer!
Si tu avais à participer à nouveau au rallye, ferais-tu quelque chose différemment?
Si j’avais à le refaire, j’améliorerais mes talents en triangulation avant de partir. C’est-à-dire, être capable de se retrouver et s’orienter sur une carte entre deux points de repère lorsque tu es vraiment perdu. Aussi, avec l’expérience que j’ai maintenant, j’essayerais de mieux me classer. Par contre, je n’échangerais pas ma coéquipière, car je ne me verrais pas refaire le rallye sans elle!
Que conseillerais-tu aux femmes qui aimeraient réaliser le Rallye des Gazelles?
Le meilleur conseil que je peux donner, c’est d’avoir une coéquipière avec qui tu sais que tu pourras passer à travers la course. Quelqu’un que tu connais très bien, avec qui tu vas bien t’entendre et qui n’a pas peur d’être déstabilisée. Il faut dire que tu passes 24 heures sur 24 avec cette personne durant 9 jours dans des conditions difficiles, le tout en te levant à 4h00 du matin et en te couchant entre 23h00 et minuit! C’est super important de bien s’entendre avec elle, car elle représente 50% de la course!
As-tu un prochain projet en tête?
En fait, j’ai toujours mille-et-un projets en tête! De la même envergure que le rallye des gazelles, chaque année je regarde pour faire le Raid Amazone. C’est une course pour femmes qui mélange la course à pied, l’escalade, le vélo, le tir à l’arc et le kayak. Sinon, j’aimerais bien aller visiter des pays au climat plus froid comme la Norvège ou bien aller faire une semaine intensive dans un camp de surf! Les idées dans ma tête se dirigent vraiment dans plusieurs directions! Une chose est sure, c’est que si ce n’était pas des trois années de financements à faire avant de partir, je retournerais demain matin faire le rallye des gazelles au Maroc!
Nous tenons à remercier Stéphanie pour son temps ainsi que de nous avoir partagé ses magnifiques photos. En espérant que son récit vous inspire à relever le défi du Rallye des Gazelles un jour!
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